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Stress, survie, sécurité : ce que ton corps essaie de te dire

Dernière mise à jour : 7 juin

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Beaucoup de gens se jugent pour ce qu’ils ont fait quand ils allaient mal : - pour avoir crié, fui, figé, - pour avoir répété les mêmes schémas, - pour avoir mangé, scrollé, ou dit "oui" alors qu’ils voulaient dire "non", - pour être passés à côté de la relation avec leurs enfants, - pour avoir fait des choix dont ils ont payé le prix par la suite...


Vivent les injonctions à la bonne attitude, aux bons/mauvais choix, aux représentations de ce qu'il faudrait être/faire/dire pour être acceptés, tolérés, reconnus,...


Mais ce que peu de personnes réalisent, c’est que dans ces moments-là, ce n’est pas leur conscience qui agissait… c’est leur corps, en mode survie, en réponse à une réaction émotionnelle.


Un pilote automatique, programmé pour protéger, pas pour faire les “bons choix”.



Différence entre émotion saine et réaction émotionnelle


Une émotion saine :

C’est une réponse adaptée à une situation réelle.

Elle monte, s’exprime (par les larmes, la colère, la parole, le mouvement…) et redescend naturellement.

Elle informe ton système : "cette personne m’a blessé·e", "ce projet me stimule", "je suis triste car je perds quelque chose".

Elle est liée au présent.

Elle ne dure pas si elle est reconnue et vécue pleinement.


Exemple : tu es frustrée parce qu’un projet important tombe à l’eau. Tu pleures, tu bouillonnes, tu en parles, et en quelques heures ou jours, ton système se régule. Tu continues d’avancer.

Une réactivation émotionnelle :

C’est une émotion qui surgit avec une intensité disproportionnée, ou qui dure beaucoup trop longtemps. Elle est souvent liée à une mémoire ancienne, non digérée. Ton système ne répond plus à la situation d’aujourd’hui… mais à un souvenir sensoriel ou émotionnel du passé (conscient ou non). Elle t’envahit, t’épuise, t’enferme.

Tu peux même la prévoir car finalement, elle revient toujours dans le même genre de situations.


Exemple : ton compagnon arrive en retard et tu ressens une vague de panique ou de colère incontrôlable. Ce n’est pas seulement ce moment qui déclenche ta réaction, mais toutes les fois où tu t’es sentie abandonnée, ignorée, non prioritaire.

Ce qui ne s’exprime pas s’imprime

Quand les émotions intenses (comme la peur, la honte, la colère, le chagrin) ne peuvent pas être ressenties et exprimées en sécurité, elles restent stockées dans le corps.


Notre système garde une empreinte sensorielle :

  • Le ton de voix qui nous a glacé·e,

  • Le regard qui nous a figé·e,

  • L’absence de réponse qui nous a plongé·e dans un sentiment de vide.


Et chaque fois qu’une situation ressemble — même vaguement — à cette ancienne scène, le corps réagit comme si c’était à nouveau en train de se produire.

Il ne réagit pas à la réalité mais à la mémoire qu'il a gardée des événements passés (de cette vie, mais aussi de mémoires que nous portons et qui ne proviennent pas de cette vie).


Ce qu’on appelle parfois “trop sensible” ou “instable”…

…est souvent un système surchargé d’émotions non digérées.

Ce n’est pas ton caractère ni une fragilité, c’est un signal de ton corps :


“Il y a encore des choses que je n’ai pas pu traverser. Et que je garde en tension.”

C’est pourquoi l’approche que je propose ne consiste pas à analyser sans fin, ni à calmer les émotions, mais à rencontrer ce qui est là, dans le corps, au bon rythme.



Ce qui se passe en soi dans le présent


Notre corps scanne en permanence si nous sommes en sécurité. Si la réponse est “non”, il bascule automatiquement, instinctivement, en mode combat, fuite ou figement. Cette réponse reste "en boucle" tant qu’elle n’est pas digérée dans le corps.



Quand nous sommes sous stress intense ou répété, nous prenons donc des décisions non pas à partir d’un espace de conscience mais à partir d’un espace de survie, comme si nous avions un pilote automatique qui prenait les décisions à notre place pour nous progéger.




Comment ça se passe ? 1. Le cerveau perçoit une menace Que ce soit un danger réel ou perçu, le cerveau émotionnel (amygdale, système limbique) prend le relais. Le néocortex (pensée logique, raisonnement) se met en arrière-plan. 
Ce n’est plus toi qui décides consciemment : c’est ton système nerveux autonome qui agit pour te protéger.


2. Activation du système nerveux

Trois grandes branches peuvent s’activer selon le niveau de menace : - Ventral vagal (connexion, calme, sécurité) - Système sympathique (stress, fuite ou combat) - Dorsal vagal (figement, shutdown)


Quand le stress devient trop intense ou prolongé : le système sympathique prend le dessus : il mobilise de l'énergie pour fuir / combattre (tension, irritabilité, hypervigilance, scroller sur les réseaux, manger, chercher des réponses dans les oracles...).

S’il n’y a pas d’issue possible, le système dorsal vagal s’active : figement, sidération, dissociation (fatigue extrême, détachement, vide, "je regarde sans être là"). Il n'y a plus d'énergie.


3. Le corps réagit en mode survie

L’énergie qui aurait dû être mobilisée pour fuir ou se défendre reste bloquée dans le corps si elle n’est pas "déchargée".

Ce blocage crée des tensions chroniques, de l’hypervigilance, voire des symptômes physiques.

Le trauma n’est pas dans l’événement, mais dans la réponse inachevée du système nerveux.


4. Répétition inconsciente

Quand ces états deviennent familiers, ils forment des circuits neuronaux automatiques.

Le corps et le cerveau apprennent que la survie = se suradapter, se taire, se couper, exploser, manger, fuir…


Tant qu’on ne crée pas un nouveau signal de sécurité, on rejoue les mêmes scénarios.


En résumé : ➤ Ce n’est pas toi qui “dérailles” ou manques de volonté.
 ➤ C’est ton système nerveux (dans d’autres approches, on appellerait ça l’ego) qui a appris à survivre. 
➤ Et pour sortir de là, il ne suffit pas de comprendre. Il faut ressentir la sécurité. Dans le corps.


Alors non : tu n’as pas “raté ta vie”.

Tu as fait ce que tu pouvais avec ce que tu avais.


Et maintenant ?

Ce n’est pas de te faire violence qui va t’en sortir.


C’est de comprendre que tu n'es pas tes mécanismes, tes pensées, tes émotions.

De te pardonner.

De reconstruire un lien de sécurité avec toi.

Et de faire de nouveaux choix à partir de cet espace, dans la conscience qu'il n'y a aucun état à atteindre, juste apprendre à développer sa capacité à se réguler pour être dans un espace de choix.



Comprendre n’est pas guérir.


Si comme moi tu as un fonctionnement qui aime comprendre, attention de ne pas tomber dans le piège de tout savoir sur ton système nerveux, ton type d’attachement, tes blessures d’enfance…

Au risque de continuer à répéter les mêmes schémas.


Pourquoi ?


Parce que la survie n’est pas une stratégie mentale.


C’est une réaction corporelle, automatique, profondément ancrée.


Tu peux comprendre que tu fuis… mais ton corps, lui, a encore besoin de fuir.

Tu peux savoir que tu te figes… mais tant que ton système nerveux n’a pas vécu une expérience de sécurité, il restera bloqué là.


Donc non, le but n’est pas de justifier, ni de t’y enfermer : « Je suis comme ça parce que… »
, « Mon système fait ça donc je ne peux rien faire… » .


Ce n’est pas de revivre sans fin les vieux circuits en les analysant à l’infini.


Ce n’est pas non plus de les fuir ou de les “positiver”.


On en reviendrait ici à à nouveau nettoyer sa prison dorée et à être finalement dans la fuite.


Ce qu’il faut, c’est ressentir autre chose. Dans ton corps. ✅ Ressentir ce que ça fait d’être écouté sans être jugé 
✅ Ce que ça fait de poser une limite, et d’être encore en lien.
 ✅ Ce que ça fait d’avoir une émotion, sans être englouti·e.
 ✅ Ce que ça fait d’agir non pas depuis une blessure… mais depuis ton plein choix.


Ce sont ces expériences incarnées, petites mais réelles, qui réécrivent ton système.


Celles qui réinforment ton système nerveux : « tu n’es plus en danger. » Celui qui naît quand tu comprends avec ton corps que tu n’avais pas le choix. 
Et que maintenant, tu peux en avoir un.



Ce n’est pas en se forçant à aller mieux qu’on guérit.

C’est en rencontrant, avec douceur, les parts de soi encore coincées dans la peur.

Et en y apportant de l'amour, de la douceur.

Parfois en faisant le deuil de ce qui ne nous sert plus.

Parfois en ramenant à la maison les parts exilées.

Et, dans tous les cas, en laissant le corps retrouver, à son rythme, le chemin du vivant.

 
 
 

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