Addiction à l’introspection
- Elodie Wiart
- 2 juil.
- 4 min de lecture
Et si t’étais pas en train d’avancer mais juste de tourner en rond dans ta prison dorée ?
Il y a 2 jours, je vous parlais de l’évitement spirituel avec une invitation à regarder les vrai choses, notamment la ou ça pique en soi.
Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de sa petite sœur : l’introspection… Ce voyage a la rencontre de soi, cette quête noble de sens et de vérité intérieure…
Enfin, noble… jusqu’à ce que ça devienne un sport de haut niveau, un passe-temps préféré ou une nouvelle forme de fuite bien déguisée.
Parceque oui, parfois, à force de creuser en soi, on finit par faire un joli tunnel. Mais pas vers la lumière — vers un terrier bien profond dans lequel on s’enferme… en appelant ça du “travail sur soi”.
D’autant que des problèmes, des cacas à débusquer, de émotions refoulées, il y en a toujours ! Donc si en plus on est compétent à mettre du sens, à capter, à raconter ses prises de conscience, à vivre pleinement ses émotions, on se galvanise avec ça et on se fait mousser par les autres qui admirent cette clarté et cette capacité à voir en soi…

Mais pourquoi on fait ça ?
Parce que ressentir, ça fait se sentir vivant.
Parce que pleurer, c’est mieux que de ne rien ressentir du tout.
Parce qu’on a parfois confondu plonger dans l’émotion avec se transformer.
Parce qu’on a appris à se définir par nos blessures, nos traumas, nos peurs.
Parce qu’on ne sait plus trop qui on est quand ça va bien.
Et que tant qu’on est dans son monde intérieur, on évite de regarder ce qui se passe à l’extérieur…
(Ça vous rappelle pas un peu de l’évitement dont on parlait dans le précédent post ? C’est juste une autre manifestation…).
Quand on vit en surcharge émotionnelle permanente, le corps s’habitue. Il carbure au stress, même s’il est “émotionnellement conscient”.
Pleurer, ressentir fort, vibrer de partout : ça libère, oui… mais ça sécrète aussi des hormones de stress. Et parfois, on y devient accro sans s’en rendre compte.
Un shoot d’émotion → un soulagement → une impression de libération…
Mais on recommence, encore et encore. Et pendant ce temps, la vraie vie attend.
Retrouvons nos amis chez qui on peut aussi tous se reconnaître un peu (ou beaucoup) :
- Marie a une réaction un peu forte dans une discussion. Elle passe les trois jours suivants à décortiquer l’événement, son passé, ses croyances, son rapport à l’attachement, sa mère, son ex, sa vie intra-utérine… Résultat : elle n’a toujours pas rappelé la personne concernée.
- Paul pleure à chaque atelier, stage, formation, cercle de parole. Il est super connecté à ses émotions… mais n’a toujours pas quitté ce job qu’il déteste ou mis fin à sa relation toxique.
- Sophie se dit hypersensible, vit tout très fort, en parle tout le temps, lit tout ce qui sort sur le sujet… Mais au fond, elle tourne dans une boucle d’auto-observation et d’auto-analyse qui lui évite d’agir.
Pourquoi c’est un problème ?
Parce que ressentir n’est pas suffisant.
Parce que comprendre ne veut pas dire transformer.
Parce qu’à force de tout ramener à soi, on oublie qu’on est aussi là pour vivre, agir, choisir, créer, incarner.
L’émotion est un messager, pas un canapé. Elle vient pour être écoutée, pas pour qu’on s’y installe à l’année.
Comment reconnaître quand ça devient une fuite ?
1. Tu ressens beaucoup, mais rien ne change vraiment dans ta vie.
→ C’est peut-être que t’as confondu intensité émotionnelle avec transformation concrète.
2. Tu fais de l’introspection à chaque détour, mais tu n’as plus de plaisir à juste être ou agir.
→ C’est peut-être que t’es resté bloqué dans la grotte.
3. Tu te sens vivant uniquement quand ça bouge fort à l’intérieur.
→ C’est peut-être une forme d’addiction déguisée à la douleur ou au chaos émotionnel.
Alors, on fait quoi ?
On respire.
On regarde les émotions, oui, mais pas pour les collectionner.
On prend soin de soi, mais pas pour s’analyser à l’infini.
On agit, aussi. On choisit. On met du concret.
On se rappelle qu’on n’est pas juste un projet de réparation ou une faille sur pattes.
Parce qu’on peut être vivant sans être tout le temps secoué.
Parce qu’on peut ressentir… et aussi avancer.
Parce qu’on peut guérir… et vivre.
Et si t’as envie de sortir de la boucle, d’arrêter de chercher la prochaine émotion à “travailler” pour enfin choisir ce que tu veux vivre — je suis là.
Pas pour t’analyser.
Mais pour t’aider à remettre du mouvement là où c’est figé.
Avec des outils concrets.
Avec le corps, le souffle, le courage de regarder ce qui gratte et aussi d’arrêter de creuser quand c’est bon.
Viens si tu veux vraiment bouger.
Pas juste ressentir.
Pas juste comprendre.
Bouger. Vivre. Choisir.
Avec tout mon amour et mes contradictions humaines,
Élodie
Ps : Aucun jugement sur l’évitement quel qu’il soit. C’est un mécanisme inconscient de survie, et c’est ok de passer par la pour trouver son chemin vers soi. C’est juste une invitation à voir ces mécanismes et à ne pas s’y enfermer !


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